De très méchante humeur

Dans le dernier grand marchandage européen au terme duquel le président français s’est félicité d’avoir « réorienté l’Europe » positivement il serait bon de savoir ce qu’il a obtenu, ou perdu en échange.

Selon des leaders scientifiques industriels, l’industrie française a davantage perdu qu’elle n’a gagné. 

Il est des décisions politiques absolument pas médiatisées et qui, pourtant, concernent des milliers d’emplois. Elles ne sont pas médiatisées parce que les journalistes à la vision complètement formatée, résument la recherche scientifique à la seule industrie pharmaceutique, sans doute plus fascinante, mais pourtant bien moins rentable, parce qu’elle ne concerne qu’une fraction de notre industrie, et qui dans sa grande majorité produit sous brevet étranger.

La recherche dans le domaine industriel (qui concerne là encore, sans que le public en ai la moindre idée, la médecine ou l’agrochimie via des modélisations dans une foule de domaines), est autrement plus productive d’emplois parce qu’elle recouvre un champ d’application immense. Sauf qu’en France on l’ignore royalement.

Ainsi à seul titre d’exemple, concernant l’aérospatiale, dont tout le monde sait, ou plutôt ne sait pas que, depuis l’ère Sarkozy, la France qui a été le promoteur et le pilier inventif en matière spatiale européenne, a désormais perdu le pouvoir dans EADS, société mère de toute la filière.  L’industrie allemande, maître du système n’a eu de cesse, depuis l’ère Merkel, d’arracher, lambeau par lambeau, les compétences françaises, dont l’industrie sous-traitante était la principale bénéficiaire.

Cette industrie française de haute technologie qui, par le travers d’Air Liquide et ses filiales, ce que tout le monde, à commencer par les journalistes, semble ignorer totalement, fabriquait jusqu’à présent non seulement l’énergie motrice : hydrogène, oxygène, etc, mais encore les réservoirs, très spéciaux en raison de leur résistance aux pressions extrêmes, des fusées Ariane.

Air Liquide et son centre calcul, spécialiste n° 2 mondial (le 1er est américain) de tous les domaines de l’hydraulique

(air, eau, géologie), fabriquait aussi les réservoirs-moteurs du 2me étage de la fusée, et intervenait encore dans la fabrication des RCS (petits moteurs à jets de gaz destinés à piloter la capsule satellite après sa libération dans l’espace.

Air Liquide vient d’en être dépossédé. Son centre calcul qui jusqu’à présent contrôlait ces recherches et les capacités de mise en œuvre a aussi perdu ce contrôle au profit de l’industrie d’outre-Rhin qui tendait jusqu’à présent à rassembler sur son sol tous les centres de décision et les fabrications high-tech, ramenant la France au rang d’un simple sous-traitant. Qui le sait ? Qui le dit ?

Les allemands n’en sont surtout pas responsables ; ils font leur job. Depuis De Gaulle combien de nos politiques ont su faire le leur ?

La conclusion : quelques millions ou milliards d’euros perdus par l’entreprise et les sous-traitants, 2.500 emplois directs et de sous-traitants de tous niveaux (ingénieurs, techniciens, etc) remis en cause au terme d’un marchandage politique dont on ne saura jamais la finalité.

Quelle est la teneur de ces marchandages ? Que s’est-il passé avec Alsthom dépossédée des seules filières rentables de sa production au profit d’un concurrent américain ?

Et qui, avec sa division transport forcément déficitaire car elle arrive en bout de course, basée qu’elle est sur une technologie ancienne, ne tardera pas à capoter, sauf à faire appel dans un terme sûrement très proche à l’Etat pour une nouvelle recapitalisation... Avec l’espoir de relancer sa recherche, mais avec qui ?

L’aéroport de Toulouse, à la Chine, celui de Satolas à un émirat, (plus près de nous la cuivrerie de Cerdon...)  la France qui pourtant dispose, en dépit des fariboles souvent vendues par des journalistes incompétents, des écoles d'ingénieurs et des ingénieurs parmi les meilleurs du monde, puisque copiés partout, cette France est à vendre...

Et les français ?

                               CH. M.